Pierre Restany

L’art est le corps du délit

« La forme géométrique peinte par le Torero est l’âme de chaque tableau de LUCAS. Cette âme, on la retrouve sur les parois des cavernes et ainsi s’accomplit le cycle entier de la magie expressive. Cette magie millénaire LUCAS en a perçu le souffle profond. Il s’est senti le contemporain de l’artiste Magdalénien, le premier peintre de la Terre et du sang.

Alors, la référence au symbole de la couleur écarlate ne lui a plus suffi pour figurer la force magique de ce moment extrême et lui aussi LUCAS, l’artiste contemporain, a voulu marquer sa conscience du moment privilégié par le recours aux signes premiers. Et il a eu lui aussi Tout naturellement recours au sang et à la Terre pour assumer de façon on ne peut plus claire et directe la joie de cette vérité redoutable qui lui est révélée. La Tache rouge est le corps du délit et ce délit s’est appelé art dès le moment où il a été ressenti, perçu et conçu par la conscience de l’être. »

Pierre RESTANY

Paris, avril 1992.
Huile / Toile(116×89)


Pierre Restany

 «Lucas, la communication des esprits»

« …Cette tache rouge est le dépositaire de l’échange d’un instant sublime. C’est un éclair dans la mémoire du torero qui est chez le peintre le lieu privilégié de leur rencontre, de la communication de leur esprit. Cette trace est avant tout immatérielle, mais n’en est pas moins le signe sensible de la présence de l’homme torero sur la toile, présence qui naît de l’émotion et s’adresse à elle…

L’écriture fractionnée participe au secret comme la figure rouge abstraite. Quelque chose est écrit sur la toile, mais si je n’en donne pas la clé, ele reste énigmatique, indéchiffrable et pourtant… »


La tâche rouge est le corps du délit et ce délit s’est appelé art dès le moment où il a été ressenti, perçu et conçu par la conscience de l’être… »

Fulgurante simplicité de ces hommes, car la vie en son entier ne peut être contenue qu’à l’intérieur d’une forme géométrique close de toutes parts.
Fulgurance de l’esprit dans sa forme la plus originelle qui prend ici le sens d’une totalité. L’essentiel, l’homme et l’esprit de l’homme réduit à sa plus simple expression et par là-même la plus élaborée par ce que infinie.

Message universel, insondable et puisque Dieu résonne en chaque être, ici plus que nulle part ailleurs il s’inscrit en filigrane à l’intérieur de chaque carré, de chaque rectangle. L’infini cerné, capté, le rêve inaccessible de l’humanité.

Pierre Restany

Paris, 1992